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Acte VII des Gilets jaunes : de la violence et des scènes surréalistes à Rouen

Retour l’acte VII des Gilets jaunes, samedi 29 décembre à Rouen. Une journée de mobilisation marquée par de la tension, de la violence et beaucoup d’incrédulité.

Environ 1000 personnes se sont réunis, samedi 29 décembre 2018, dans les rues du centre-ville de Rouen (Seine-Maritime)

Environ 1000 personnes se sont réunis, samedi 29 décembre 2018, dans les rues du centre-ville de Rouen (Seine-Maritime)
(©Julien Bouteiller / 76actu)

À Rouen (Seine-Maritime), l’acte VII des Gilets jaunes a été particulièrement suivi. De source policière, on évoque entre 800 et 1 000 personnes présentes samedi 29 novembre 2018, soit la plus forte affluence à Rouen depuis le début du mouvement le 17 novembre. Dès que les manifestants s’élancent de la place de l’hôtel de ville peu après 10 heures, une certaine tension est palpable… Du moins en tête de cortège. Des « Macron démission ! » reviennent comme un leitmotiv. La préfecture affirme avoir « constaté un noyau dur très violent d’environ 200 personnes au cœur du cortège ». « L’utragauche » dira-t-elle.

En revanche, en milieu – fin de cortège, l’ambiance est bon enfant, beaucoup moins agressive. Une Gilet jaune lâche tout de même à sa voisine : « Tu vas voir, personne ne va parler de cette manifestation à Rouen. »

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Les premiers heurts à la gare

La situation se tend une première fois vers 11h30, alors que les Gilets jaunes veulent rejoindre la gare. Ils sont bloqués par un cordon de policiers au niveau du boulevard de la Marne. Certains prennent le mobilier de chantier pour ériger une barricade, la première de la journée. Voyant cela, un Gilet jaune lance : « Ce sont des casseurs, nous n’avons rien à faire avec eux, il faut partir. »

Des bombes lacrymogènes sont tirées, les manifestants se replient vers le centre-ville. Le cortège reprend sa marche, passe devant le marché de Noël, au milieu des Rouennais qui font leurs courses. Des commerçants affichent un sourire crispé, un ou deux invectivent les Gilets jaunes, certains baissent leur rideau pour rouvrir sitôt le cortège passé. Vers midi, les policiers lancent de nouvelles bombes lacrymogènes place du 19-Avril-1944, certaines atterrissent sur la terrasse d’un café où étaient attablés des Gilets jaunes. Tout le monde déguerpit.

Jeu du chat et de la souris

Ce jeu de chat et de la souris va se poursuivre toute la journée. Les manifestants n’hésitent pas à enlever et remettre leurs gilets jaunes au gré des circonstances, rendant leur identification plus difficile pour les forces de l’ordre. Dans l’après-midi, des manifestants mettent le feu à la porte de la Banque de France rue Lecanuet, brûlent des poubelles rue Jeanne-d’Arc, érigent des barricades rue Lecanuet, d’Alsace-Lorraine, général Leclerc.

À chaque fois, ils font face aux policiers, lancent quelques projectiles, font éclater des pétards. En retour, les forces de l’ordre leur envoient des bombes lacrymogènes. Les Gilets jaunes battent en retraite pour se regrouper plus loin. La tension est forte. Dès que les manifestants se voient interdire l’accès à une rue, ils s’estiment victimes de « violences policières ».

Journée la plus violente

Ailleurs dans le centre-ville, les habitants continuent de vaquer à leurs occupations. Certains, le regard inquiet, pressent le pas pour s’éloigner de toute zone de violence. Rue Jeanne-d’Arc 17h30 : les forces de l’ordre demandent aux Gilets jaunes de se disperser. Ils forment un cordon sur toute la largeur de la rue. L’artère est très fréquentée. Une personne demande si elle peut passer le barrage à un gendarme. Celui-ci acquièse. Les Gilets jaunes s’évanouissent dans la nuit. Quelques-uns se retrouvent quai du Havre. On pense que d’autres vont se diriger vers la préfecture. D’ailleurs un dispositif de sécurité est sur place.

Finalement, ils ne viendront pas. S’en est fini de l’acte VII. Il a mobilisé 82 gendarmes et policiers. Dix blessés sont à déplorer, dont deux graves. Les forces de l’ordre ont procédé à six interpellations. À Rouen, cette journée de mobilisation a été la plus violente vécue depuis le début du mouvement.

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