Comédien, metteur en scène, scénariste, chanteur… François Morel est un artiste complet, et surtout une fine plume, qui s’exprime chaque vendredi matin dans la matinale de France Inter. Depuis 10 ans, l’ancien Deschiens a aussi entamé une carrière de chanteur. Du 6 au 8 janvier 2017, il sera au Théâtre de Caen (Calvados), pour présenter son nouveau tour de chant mis en scène par Juliette, La Vie (titre provisoire). Interview.
« J’essaye d’être toujours en accord avec moi-même »
Normandie-actu : Cela fait quoi d’être un artiste culte ?
François Morel : (Rires) Je ne sais pas si je suis si culte que ça, ni ce que ça signifie exactement. Là, par exemple, je suis en train d’écrire ma prochaine chronique pour France Inter et être « culte » ne me donne pas forcément plus d’idées ! Bref, ça ne sert à rien et moi, je m’inscris plutôt dans le mouvement et dans le plaisir d’essayer de partager des trucs drôles et pas trop bêtes.
Est-ce que ça veut dire que même un artiste aussi expérimenté que vous ressent toujours l’angoisse de la page blanche ?
Oui, tout le temps. À chaque fois, je me creuse la tête pour écrire quelque chose de surprenant. L’idée est de faire en sorte que ceux qui m’écoutent ne voient pas où je veux aller. Chaque chronique est différente de la précédente, je m’autorise tous les tons, donc il ne faut pas que ce soit trop convenu. Les auditeurs doivent avoir envie d’écouter jusqu’au bout, tout simplement. C’est un pari à chaque fois.
On prétend souvent que notre époque est plus compliquée pour les humoristes ou les chroniqueurs. Est-ce que vous vous interdisez certaines choses ?
J’essaye d’être toujours accord avec moi-même. Je ne m’autorise pas ce que je ne pourrais pas défendre si je suis invité chez des copains et qu’ils me parlent de ma chronique. Je fais en sorte d’être juste et un peu marrant. D’ailleurs, je ne suis même pas obligé d’être drôle, c’est l’une des particularités de France Inter qui nous laisse une liberté totale. Si je suis mélancolique, triste ou en colère, je peux exprimer ces sentiments, sans chercher à amuser la galerie. Avant, pour faire un bon mot, j’aurais pu tuer père et mère, mais maintenant j’évite ça.
C’est la sagesse, la maturité ?
(Rires) Peut-être ! Le vieillissement en tout cas. La décrépitude…
« Je suis un vieux comédien, mais un jeune chanteur »
Du 6 au 8 janvier 2017, vous ne venez pas à Caen dans la peau d’un chroniqueur radio, mais dans celle d’un chansonnier. Comment est né votre amour pour le chant ?
Progressivement. Je suis un vieux comédien, mais je me considère encore comme un jeune chanteur. J’aime le côté « ramassé » d’une chanson, qui permet de faire passer une sensation ou un sentiment avec très peu de mots. C’est un assemblage un peu mystérieux, et parfois magique, de parole et de musique qui nous accompagne toute notre vie. Cela fait partie de notre intimité. J’ai beaucoup écouté Brassens, Brel ou Barbara, et c’est aussi un peu grâce à eux que je me suis passionné pour l’écriture. Au début pourtant, je n’étais pas convaincu.
Il y a une vingtaine d’années, le musicien avec qui je travaille, Antoine Sahler, m’avait envoyé une chanson en me disant qu’il me voyait bien l’interpréter. Je lui avais répondu : « C’est gentil, mais je ne suis pas chanteur. » J’étais un amateur de chant, mais je n’osais pas franchir le pas. Finalement, c’est Jean-Michel Ribes qui m’a convaincu de le faire. J’y ai pris goût, j’ai suivi des cours de chant et j’ai commencé à prendre cette activité au sérieux.
La bande-annonce de La Vie (titre provisoire) :
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Vous n’êtes plus tout à fait un jeune chanteur, puisque La Vie (titre provisoire) est votre troisième spectacle. Comment l’avez-vous construit ?
J’ai convoqué à peu près la même équipe et notamment Juliette à la mise en scène. Avec Antoine Sahler, nous avons pris le temps d’écrire de bonnes chansons, qui sont sans doute meilleures que les précédentes. Je suis très fier de ce spectacle. Juliette et moi travaillons en totale confiance, et elle me pousse à faire des choses que je n’aurais jamais osé.
À l’image de ce que vous proposez sur France Inter, est-ce que ce spectacle est aussi l’occasion de partager les valeurs qui vous sont chères ?
Ceux qui apprécient mon travail à la radio ne seront pas complètement dépaysés en allant voir ce spectacle. Mes chroniques et mes chansons partagent un certain laconisme, et ont pour objectif de raconter plein de choses en peu de temps.
Chroniqueur, chanteur, comédien… Est-ce qu’il y a encore des formes d’expression artistique qui vous tente ?
Je suis surtout un homme de scène. Ce que je fais en ce moment me convient parfaitement. Je ne vais pas me lancer dans la peinture sur soie ou les performances artistiques !
(Rires) Je pensais plutôt à l’écriture d’un film…
Je ne suis pas sûr de savoir le faire. J’aime bien tourner, mais écrire un film, c’est autre chose. Ce n’est pas mon rythme : travailler chez moi, enfermé pendant des mois, ce n’est pas mon truc.
Le plaisir de la chanson ou de la chronique radio, c’est aussi la rapidité : j’écris, et paf, je la présente tout de suite au public. Mais trimer pendant deux ans sur un long métrage sans savoir s’il va rencontrer son public, ce n’est pas pour moi.
Infos pratiques :
Vendredi 6 et samedi 7 janvier 2017, à 20h, et dimanche 8 janvier 2017, à 17h
Au Théâtre de Caen, 135 boulevard Maréchal Leclerc, à Caen (Calvados)
Tél : 02 31 30 48 00
Tarifs : 10 à 36 euros