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Les suicides se multiplient en Normandie depuis le début d’année : comment l’expliquer ?

Les suicides semblent se multiplier depuis le début de l’année 2017 et la Normandie est l’une des régions les plus touchées en France. Comment l’expliquer ? Éléments de réponse.

La Normandie est fortement touché par les suicides, notamment dans la Manche (Pixabay)
Depuis le début de l'année 2017, la Normandie est fortement touché par les suicides, notamment dans la Manche. ( Illustration : ©Pixabay)

« Depuis le début du mois de janvier 2017, on recense entre quatre et cinq suicides par jour en Seine-Maritime », indique une source judiciaire à Normandie-actu.

Un chiffre inquiétant qui suscite de nombreuses interrogations : est-ce qu’il y a plus de suicides au mois de janvier en Normandie ? Pour quelles raisons ? Difficile de donner une réponse formelle à ces questions. François Michelot, responsable de l’antenne rouennaise de l’observatoire régional de la santé et du social (OR2S) explique :

Nous travaillons avec  le centre d’épidémiologie  sur les causes médicales du décès (CépiDc) mais à ce jour, il n’ y a pas de statistiques mois par mois, concernant le taux de suicide. D’autant plus qu’en moyenne, il faut attendre deux ans pour avoir des chiffres vérifiés sur les causes des décès, car il faut respecter un circuit médico-légal. Alors pour janvier 2017, il n’y a pas de chiffres.

Pour tenter d’apporter une explication à ce phénomène, le responsable cite le sociologue Emile Durkheim qui, dans son ouvrage Le Suicide, publié en 1897, évoque cette période de transition de début d’année, qui pourrait être propice à une multiplication des suicides. Sans pour autant confirmer cette hypothèse.

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Où recense-t-on le plus de suicides en Normandie ?

Entre 2011 et 2013, 679 suicides ont été enregistrés chaque année en Normandie. La région affiche ainsi le troisième taux de mortalité en France, après la Bretagne et Les Pays de la Loire.

Les taux de suicide par région en France sur la période 2011-2013 (OR2S)
Les taux de suicide par région en France sur la période 2011-2013 (photo ©OR2S)

« Les suicides diminuent en Normandie, mais on reste supérieur par rapport à la moyenne nationale », précise François Michelot.

Selon les départements, le taux de suicide diffère en fonction principalement de la densité. Plus il y a de suicides, plus la densité sociale est faible (emploi, tissu associatif, etc..). À titre d’exemple, en Seine-Maritime, il y a plus de suicides à Dieppe qu’au Havre.

Sur l’ensemble de la région, la Manche est le département le plus touché, quels que soient l’âge et le sexe. Cette surmortalité est maximale chez les hommes et les femmes de 15-34 ans avec respectivement un surplus de 55 % et 68 % par rapport à l’ensemble de la région.

Les problèmes d’isolement et les problèmes affectifs sont des facteurs qui peuvent pousser au suicide. On observe ces derniers temps, une hausse de suicide chez les agriculteurs. Notre région est donc, fortement touchée, car il y a de nombreuses zones rurales », explique le responsable de l’Antenne.

La pendaison : une méthode récurrente ?

Historiquement, la pendaison reste la méthode la plus utilisée par les personnes qui souhaitent mettre fin à leur jour, notamment les hommes. En Normandie, 61,4% des suicides ont été commis par pendaison.

Les modes de suicide en Normandie (OR2S)
Les modes de suicide en Normandie (photo ©OR2S)

Chez les femmes, le constat est différent : « Généralement, c’est plutôt la prise de médicaments, qui représente un quart des suicides en Normandie ». Autre mode : la noyade et le saut dans le vide.

À ce titre d’ailleurs, deux lieux en Normandie, sont représentatifs de ce constat : les falaises d’Etretat et le pont de Normandie.

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Plus de suicides chez les hommes que chez les femmes.
En Normandie, le taux de suicide des hommes est quatre fois plus élevé que celui des femmes (respectivement 33,5 pour 100 000 et 8,6). Cette surmortalité masculine s’explique aussi par l’utilisation plus fréquente dans l’acte suicidaire de modes opératoires plus létaux (pendaison, arme à feu) chez les hommes que chez les femmes (prise de médicaments). 
Selon l’OR2S, « le taux de suicide croît avec l’âge jusqu’à 50 ans. Il se stabilise ensuite pour les femmes et diminue légèrement pour croître de nouveau à partir de 65 ans pour les hommes. Chez ces derniers, la mortalité par suicide en Normandie est supérieure à celle observée dans l’Hexagone et ce, à tous les âges. »