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LE HAVRE: et si on osait la gratuité des transports publics?

La crise sociale révélée par la mobilisation des Gilets Jaunes relance utilement la question: est-il possible de proposer la gratuité dans les transports en commun urbain pour avoir un réel impact sur les mobilités (impact social) et sur leurs conséque…

La crise sociale révélée par la mobilisation des Gilets Jaunes relance utilement la question: est-il possible de proposer la gratuité dans les transports en commun urbain pour avoir un réel impact sur les mobilités (impact social) et sur leurs conséquences (impact environnemental)?

La réponse est oui et elle ne sera jamais mise en oeuvre depuis le bureau parisien d’un haut-fonctionnaire ou à la suite de parlottes écolos dans une énième COP internationale.

Au lieu d’en parler, faisons de l’écologie tout en évitant d’infliger une double peine aux plus pauvres d’entre nous…

C’est précisément l’enjeu d’un système de transports en commun urbains gratuit et ça marche dans les quelques villes qui ont adopté cette idée de bon sens: Niort, Châteauroux, Aubagne, Carmaux, Compiègne, Dunkerque et, tout récemment, Calais (à partir de 2020)…

On connaît les arguments éculés des détracteurs à la gratuité: les usagers se déresponsabilisent et dégradent les bus. C’est précisément le contraire qui est observé: comme le bus est redevenu un bien commun financé intégralement par la communauté des citoyens, le contrôle social des usagers ainsi que leur vigilance à l’encontre de tout comportement ne faisant pas preuve du civisme attendu se renforcent… Bien entendu, après le passage à la gratuité, on observe une hausse sensible de la fréquentation et baisse du trafic automobile urbain aux heures de pointe: un cercle vertueux qui démontre, une fois de plus, que la générosité est plus intelligente que l’esprit de calcul.

Le député communiste du Havre, Jean-Paul Lecoq a relancé le débat pour que la communauté urbaine du Havre autrefois présidé par un certain Edouard Philippe expérimente la gratuité de ses bus et de son tramway: quand il n’était que maire de Gonfreville-L’Orcher et conseiller communautaire à la CODAH, Jean-Paul Lecoq n’avait jamais réussi à imposer cette question à l’agenda local… Après une réunion publique organisée jeudi 13 décembre au Havrre le député doit déposer une proposition de loi à l’Assemblée Nationale pour faciliter le recours à la gratuité des transports en commun dans le cadre de l’examen du projet de loi gouvernemental sur les mobilités du quotidien.

La gratuité est donc au centre du sujet comme le nez est au milieu de la goule: c’est la raison pour laquelle certains s’obstinent à refuser de voir cette évidence!


 

https://www.francebleu.fr/infos/transports/et-si-les-transports-en-commun-devenaient-gratuits-au-havre-1544726467

Et si les transports en commun devenaient gratuits au Havre ?

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jeudi 13 décembre 2018 à 19:52 Par Marie-Jeanne Delepaul, France Bleu Normandie (Seine-Maritime – Eure)

Et si demain prendre le bus ou le tramway ne coûtait plus rien ? Le député communiste de Seine-Maritime Jean-Paul Lecoq a déposé une proposition de loi à l’Assemblée nationale et lancé le débat au Havre lors d’une réunion publique.

Il y a deux semaines, l’agglomération de Calais annonçait des bus 100% gratuits pour tout le monde à partir de 2020, une décision en partie motivée par les manifestations des gilets jaunes. Le 13 décembre, le député de Seine-Maritime Jean Paul Lecoq a organisé une réunion publique au Havre pour discuter de la gratuité des transports en commun. Avec son groupe parlementaire (Gauche démocrate et républicaine), il a déposé une proposition de loi « visant à encourager la gratuité des transports collectifs urbains et périurbains » à l’Assemblée Nationale.

A la communauté de l’agglomération havraise (CODAH), la question n’est pas à l’ordre du jour. Les transports en commun coûtent 56 millions d’euros par an, financés à 40 % par le versement transport des entreprises, un tiers par la communauté d’agglomération et un quart par les voyageurs, grâce aux tickets et aux abonnements. Passer au gratuit coûterait trop cher, estime Daniel Fidelin, le vice président de la CODAH en charge de la mobilité : « Si demain on passe au gratuit, il faut trouver 18 millions d’euros. C’est quand même le contribuable qui paye… »

La CODAH a d’autres priorité : l’amortissement du tramway et l’achat de bus dits propres d’ici 2025, ce à quoi l’oblige la loi de transition énergétique. Pour le moment, pas de gratuité donc, mais des tarifs réduits : « Nous avons une tarification sociale pour les personnes en difficulté » explique Daniel Fidelin.

Une augmentation de la fréquentation

Pourtant, en France, 36 agglomérations ont franchi le pas : Aubagne, Châteauroux, Niort, Compiègne… La plus grosse, Dunkerque, compte 200 000 habitants, un tout petit peu moins que le Havre. Le passage au gratuit a eu des résultats positifs pour Maxime Huré, maître de conférence à l’université de Perpignan, qui étudie la question depuis 2012 : « Globalement la gratuité fait augmenter très significativement la fréquentation des transports collectifs. par exemple à Dunkerque, depuis le 1er septembre 2018 c’est 120 % de plus le week-end et 50 % la semaine. »

Ce sont en partie des gens qui abandonnent leur voiture, mais aussi de nouveaux usagers qui se déplacent alors qu’ils n’en avaient pas les moyens auparavant. « Plus de gens qui prennent les transports en commun, c’est moins de voitures en ville, même si on admet que ce n’est pas à due proportion » explique Jean-Paul Lecoq, député communiste de Seine-Maritime.

Evidemment la hausse de la fréquentation nécessite de développer le réseau, d’investir dans de nouvelles lignes. Mais pour Jean-Paul Lecoq, c’est avant tout un choix politique. : « Le maire de Dunkerque a ajourné la construction d’une salle de spectacle parce que la gratuité des transports en commun était plus importante. Écologiquement, économiquement, socialement, en termes d’aménagement du territoire, c’est extraordinaire. Il ne faut pas dire « non » et être dans le dogmatisme, il faut chercher le chemin pour le rendre possible. Je ne sais pas si ça va être possible à 100 % immédiatement mais je le rêve et je pense que ça peut être une autre façon de vivre la ville. »