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Pollution. Areva confirme la présence d’un radioélément à proximité du site de La Hague

Areva-La Hague a reconnu, vendredi 27 janvier 2017, la présence d’un radioélément sur la zone nord-ouest du site. Une pollution à l’américium 241 a été confirmée. Détails.

La direction de l'établissement Areva-La Hague confirme le marquage en américium 241 au niveau de la source du ru des Landes.
La direction de l'établissement Areva-La Hague confirme le marquage en américium 241 au niveau de la source du ru des Landes.

L’Acro (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest) est revenue, vendredi 27 janvier 2017, devant la Commission locale d’information (Cli) Areva-La Hague (Manche) avec de nouveaux résultats d’analyses concernant la zone nord-ouest du site. La présence d’américium 241 a été confirmée. La commission a décidé de lancer une expertise. Détails.

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Une pollution du domaine public

Dans un communiqué diffusé mardi 24 janvier 2017, la direction de l’établissement Areva-La Hague avait confirmé le marquage en américium 241 au niveau de la source du ru des Landes, mis en évidence en octobre 2016 par l’Acro. Un marquage qui reste faible, « sans risque sanitaire pour l’homme » précisait Areva, qui a cependant décidé de reprendre quelques centaines de m3 de terres polluées… « Je suis ennuyé que l’on n’aborde les questions de pollution que sous l’angle sanitaire », est intervenu Pierre Barbey devant les membres de la commission locale d’information d’Areva-La Hague. Enseignant-chercheur à l’université de Caen (Calvados), il avait été l’un des fondateurs de l’Acro.

Nous sommes là devant une pollution du domaine public et chaque citoyen a droit à un environnement propre, rappelle-t-il.

Forte concentration aussi en césium 137

Mais surtout, insiste Pierre Barbey, l’américium n’est pas le seul radioélément découvert sur la zone nord-ouest du site. « Cela représente un temps d’exposition de plusieurs dizaines d’années. Et si on les additionne les autres isotopes, on va avoir une image bien différente… »

D’autant que l’Acro est revenue devant la Cli avec les résultats de nouvelles analyses, effectuées en octobre et novembre 2016. Les premières, effectuées en juillet dans la zone de sous-bois autour de la source du ruisseau des Landes, montraient un taux d’américium de 71 becquerels par kilo sec. Les nouvelles, qui s’accompagnaient de carottages, montent autour de l’abreuvoir à 109 becquerels au niveau du sol, 198 pour la litière et 160 becquerels sur un échantillon à 10 cm de profondeur. Ces teneurs baissent en revanche jusqu’à la limite de détection dès qu’on s’éloigne de l’abreuvoir.

Du plutonium « cuvée 73 »

Dans les points de forte concentration, la présence de césium 137 est aussi relevée, jusqu’à 500 becquerels par kilo sec sur un échantillon pris entre 10 et 15 cm de profondeur. « C’est plus de 30 fois la contamination moyenne observée par Areva de 2011 à 2015. La concentration maximale sur l’horizon 5-15 cm témoigne vraisemblablement de la migration dans le sol d’une contamination de surface. » L’Acro trouve aussi, dans le sol, de l’iode 129. « La présence d’américium laisse supposer un dépôt de plutonium. Des analyses sont en cours par un autre laboratoire », ont indiqué André Guillemette et Antoine Bernolin en présentant les résultats devant la Cli. Reste à connaître l’origine de cette pollution.

Pour l’Acro, elle est ancienne. L’association évoque « un accident non public » remontant à 1974, ce que confirmeraient les premiers éléments concernant le plutonium. « Apparemment une cuvée 1973 », avance André Guillemette.

Contamination du lait

Areva de son côté évoque trois hypothèses. « Il peut y avoir eu un défaut d’étanchéité dans les premières fosses d’entreposage », indique René Charbonnier, le directeur adjoint de l’établissement. Ces tranchées en pleine terre ont été utilisées de 1967 à 1977 pour le dépôt de déchets solides. Autre hypothèse, l’incendie du silo 130 le 6 janvier 1981. « Il y a eu aussi, en septembre 1974, une fuite sur un bloc de béton. Mais il y avait surtout un marquage en césium 137 », précise-t-il. À propos de ces 27 fosses bétonnées, l’Acro rappelle aussi des « anomalies environnementales » observées en avril 1974, avec une contamination semi-aérienne de la même zone de pâturages, près du ruisseau des Landes.

Elle provenait de couvercles défectueux sur des blocs de béton servant au stockage de déchets retraités en 1973 et 1974. Elle avait été relevée par une contamination du lait.

Le président de la Cli, Pierre Bihet, a en tout cas fait suite à une demande de l’Acro : la commission va constituer un groupe d’experts qui doit permettre de retracer l’historique et dresser une cartographie de cette pollution.

Jean LavalleyLa Presse de la Manche