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Près de quatre millions de personnes sont mal-logées en France, selon la fondation Abbé Pierre

La fondation Abbé Pierre a rendu public son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France en 2017. L’étude indique que près de quatre millions de personnes sont mal-logées.

© AFP/Thomas SAINT-CRICQ, Laurence SAUBADU. 4 millions de mal-logés en France
Quatre millions de mal-logés en France. C'est ce qu'annonce la fondation Abbé Pierre, pour l'année 2016-2017. (© AFP/Thomas SAINT-CRICQ, Laurence SAUBADU)

En matière de lutte contre le mal-logement, le bilan du quinquennat Hollande est en « demi-teinte », juge la fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel, qui a été remis lundi 30 janvier 2017, au président de la République.

Malgré les engagements du candidat Hollande, qui avait signé le « contrat social » de la fondation en février 2012, et une « activité législative assez dense » liée au logement pendant le quinquennat (loi ALUR, loi relative à la mobilisation du foncier public, loi pour la transition énergétique, etc.), « le nombre de personnes confrontées à la crise du logement continue d’augmenter » en 2017, selon ce rapport.

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Plus de 12 millions de personnes fragilisées

Près de quatre millions de personnes sont mal-logées, (c’est-à-dire qu’elles sont soit privées de logement personnel soit vivent dans des conditions de logement très difficiles) et plus de 12 millions sont « fragilisées par rapport au logement » (locataires en situation d’impayés, propriétaires occupant un logement dans une copropriété en difficulté, etc.).

Si la fondation Abbé Pierre n’est pas en mesure de comparer strictement l’évolution, pendant le quinquennat, du nombre de mal-logés, elle souligne plusieurs tendances montrant une aggravation de la situation : le nombre de personnes sans domicile par exemple (143 000 selon l’Insee) a augmenté de 50% entre 2001 et 2012. Celui des personnes contraintes d’être hébergées chez des tiers a grimpé de 19% entre 2002 et 2013. Et les personnes en situation de « surpeuplement accentué » (lorsqu’il manque deux pièces ou plus au logement) « sont de plus en plus nombreuses » : +17% entre 2006 et 2013.

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Expulsions locatives en hausse : +24%

Sur le plan de l’immobilier, « alors que le président de la République avait fixé l’objectif de 500 000 constructions neuves par an, dont 150 000 logements sociaux, on ne peut que constater à la fin de ce quinquennat que le compte n’y est pas », souligne aussi le rapport : « depuis 2012, moins de 400 000 logements sont mis en chantier chaque année, malgré une remontée de la production au cours de la dernière année du quinquennat ».

La fondation Abbé Pierre regrette également que « les expulsions locatives surviennent encore avec le concours de la force publique sans relogement, contrairement aux engagements présidentiels ». Elles ont même fait un « bond spectaculaire annuel de 24% en 2015 ».

L’encadrement des loyers : des effets concrets pour les ménages

Parmi les points positifs, la fondation Abbé Pierre cite notamment l’encadrement des loyers qui a des « effets concrets et directs, sonnants et trébuchants, pour les ménages », et qu’il est « indispensable de renforcer ».

Des graines ont été semées et des avancées obtenues en matière de loyers, d’orientation des attributions HLM, de gouvernance, de précarité énergétique… Mais elles ne suffiront pas face à l’ampleur du mal-logement.

Pour renverser la tendance, « il faut complètement changer d’échelle », martèle Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. « Si on met en place un grand plan d’action national pour sortir les sans domicile de leur situation, on peut régler la question en cinq ou dix ans selon les territoires », assure-t-il.

« On veut montrer que c’est possible de faire autrement »

Pour combattre efficacement le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre émet 15 propositions, parmi lesquelles la production de 150 000 logements sociaux par an accessibles aux plus modestes, la mobilisation du parc privé à des fins sociales, la mise en place d’une politique plus précoce de prévention des expulsions ou encore la résorption des « passoires thermiques » (logements mal isolés).

Concernant les migrants, la fondation insiste sur la nécessité de débloquer des moyens pour les loger et les accompagner et celle d’assouplir les possibilités de régularisation, « afin d’éviter que des dizaines de milliers de personnes soient en situation de grande précarité pendant des années ».

Mardi 31 janvier 2017, certains principaux candidats à la présidentielle, à l’exception de Marine Le Pen avec qui la Fondation est en « désaccord profond », débattront de ces sujets à La Défense. Sont annoncés Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon.

Christophe Robert insiste : « On veut montrer que c’est possible de faire autrement ».

Avec AFP