On connaît tout particulièrement le cas du village protestant du Chambon sur Lignon niché dans les hauts plateaux du Velay qui a organisé collectivement la protection et le sauvetage des juifs (notamment de nombreux enfants) pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ailleurs, on retrouvera, à plus petite échelle et dans une nécessaire discrétion, ce courage humaniste souvent d’inspiration chrétienne dont les auteurs, rescapés à la Libération tout comme ceux qu’ils avaient sauvé refusèrent de parler sous prétexte qu’ils n’avaient que le seul devoir d’être humain alors que l’Europe toute entière était devenue l’enfer sur Terre.
En Normandie, dans les replis secrets du bocage de l’Orne, à Tinchebray on vient de découvrir cette belle histoire tellement discrète qu’elle a failli sombrer totalement dans l’oubli:
73 ans après, deux prêtres de l’Orne enfin reconnus Justes parmi les Nations
Le nom de deux prêtres de Tinchebray, petite commune du bocage Ornais, vont rejoindre le mur d’honneur du jardin des Justes à Jérusalem en mai prochain. 73 ans après la guerre, on se souvient enfin de leurs actes courageux face à la terreur nazie. Une histoire qui a failli tomber dans l’oubli.
C’est sous cette chapelle de l’Institut (ancien Lycée de Mécanique) que le prêtre Lucien Leconte a caché 5 israélites pendant quelques jours en juin 1944, avant de les envoyer se réfugier dans des fermes voisines.
Peu de gens à Tinchebray se souviennent de l’héroïsme de ces deux prêtres : Fernand Prével et Lucien Leconte. Pourtant ils n’ont pas agi seul : des agriculteurs les ont aidé et d’autres comme le gendarme Marcel. Mais ce « réseau » partait à priori bien de Paris où le Père Prével résidait pour ses nouvelles fontions, en 1944.
En tous les cas c’est bien lui qui a envoyé dans l’Orne 5 israélites en qui venaient d’échapper aux nazis.
Poursuivis par la Gestapo ils avaient besoin de se cacher : à Tinchebray, le père Leconte qui dirige alors l’Institut les reçoit sans tergiverser.
On est alors en pleine bataille de Normandie, les américains ont débarqué quelques jours avant et les allemands, dans l’orne sont très tendus, voire hargneux. Mais il prend le risque, malgré les fouilles.
Il sauvera ces 5 hommes, d’une mort certaine, en leur assurant pendant de longues semaines le gîte, le couvert et la protection d’une nouvelle identité.
A priori, un aviateur anglais en 1939 aurait reçu lui aussi la protection du père Leconte, alors qu’il était perdu, en pleine Campagne. Des passages en zone libre étaient aussi organisés. On peut parler d’un petit réseau de résistance à Tinchebray.
Le reportage d’Alexandra Huctin et Matthieu Bellinghen :
Intervenants :
des habitants de Tinchebray et Jean-claude Lautrette de l’associationde sauvegarde de la Chapelle Sainte-Marie, chargé par Yad Vashem de retrouver la famille de ces prêtres.
Commentaire de Florestan:
Depuis le baptême de Rollon ou celui de Saint Olaf dans la cathédrale de Rouen, les racines des vraies valeurs normandes sont chrétiennes. Et ceux qui aujourd’hui clament « on est chez nous! on est chez nous! » tout en refusant d’accueillir quelques dizaines de réfugiés venus de pays en guerre n’ont aucune mémoire. Il était donc important que cette belle histoire d’héroïsme normand ne tombât par dans un oubli définitif!
COUP DE COEUR ETOILE DE NORMANDIE