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Depuis un an, ce Havrais parcourt le monde en courant : « Je ressens une totale addiction »

Le 31 janvier 2016, l’ultra-fondeur du Havre, Serge Girard, partait pour un défi sportif : 26 300 km de course, à travers quatre continents. Un an après, il poursuit son aventure.

Le 13 janvier 2017, l'ultra-fondeur du Havre passe le cap des 21 000 km parcourus. (Photo : ©Run around the planet)
Le 13 janvier 2017, l'ultra-fondeur du Havre a passé le cap des 21 000 km parcourus. (Photo : ©Run around the planet)

Depuis un an, Serge Girard, ultra-fondeur du Havre (Seine-Maritime), sillonne les routes et pistes du monde entier en courant. Parti le 31 janvier 2016 de Paris, l’objectif de l’athlète est de traverser quatre continents en courant, soit 26 300 km d’aventures par tous les temps, à travers le monde. Wyoming, Alaska, Honolulu, les Fidji, l’Australie… la terre entière a défilé sous les pieds de ce sportif hors norme. Il revient sur cette année de course, pour Normandie-actu.

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« Comme un enfant qui découvre le monde »

Normandie-actu : Cela fait un an que vous parcourez le monde en courant. Quel est votre état d’esprit, aujourd’hui ?
Serge Girard : Je suis un homme comblé. Depuis un an, je vis avec et pour ma passion. Je ressens une totale addiction à cette course à la découverte du monde, même si c’est parfois difficile côté physique.

Vous êtes actuellement en Afrique du Sud (interview réalisée le mardi 24 janvier 2017, ndlr), avant d’arriver en Namibie. Quel est votre rythme de course quotidien ?
Je viens d’arriver à Bothaville, et j’ai fait environ un tiers de mon parcours en Afrique australe. C’est un pays que je ne connaissais pas du tout. Ce sont des paysages magnifiques, avec une faune qui nous faisait rêver, durant notre enfance. Je suis un peu resté cet enfant et maintenant, je vis ce rêve. Je passe là où se trouvent des lions, et cela a un côté excitant aussi. Je découvre des paysages magnifiques, toute une partie montagneuse absolument somptueuse. J’y ai vu aussi des centaines de cigognes : je suis comme un enfant qui découvre le monde à pied.

Je suis en moyenne 10h sur la route, en partant très tôt en ce moment car il fait chaud, vers 6h du matin. Je cours quasiment non-stop, une soixantaine de kilomètres par jour, avec des ravitaillements tous les 5 km. Courir, c’est comme dans la vie en général. Quand le mental est là, tout va toujours bien.

« L’essentiel n’est pas la destination, c’est le voyage »

Lever de soleil en Alaska. (Photo : ©Run around the planet)
Lever de soleil en Alaska. (Photo : ©Run around the planet)

Combien de temps de course vous reste-t-il avant votre retour ?
Il me reste environ 4 000 kilomètres, pour environ trois mois de course. J’aurai encore plusieurs transferts en avion à faire, pour une arrivée à Paris entre le 15 et le 20 avril 2017.

Je suis quelqu’un de très gourmand, et je vois cette aventure comme un gros gâteau. Je me rends compte que j’en ai mangé 80% et je me dis que je vais trop vite. C’est presque un stress. Je pense que les derniers jours vont être terribles pour moi. Je rêve d’une course où la ligne d’arrivée est la ligne d’horizon.
J’ai vu tellement de choses depuis le point de départ, à Paris. Le plus beau n’est pas l’arrivée, mais ce qu’il y a entre ces deux points. L’essentiel n’est pas la destination, c’est le voyage.

Une aventure humaine

Combien de personnes sont autour de vous au quotidien ?
J’ai eu la chance de partager quatre mois seul avec Laure, mon épouse, notamment en Australie. Elle vient de rentrer en France. C’était un moment également très fort à vivre.

Sinon, deux personnes m’accompagnent, en roulement. Elles se font toutes la même réflexion et me disent qu’elles n’auraient jamais voyagé comme ça, sans moi. Chaque équipe reste en général deux mois.

Quels sont les moments les plus forts en émotions que vous avez vécus ? Avez-vous fait des rencontres étonnantes ?
Je n’ai jamais rencontré autant de gens. Finalement, la course à pied est presque « secondaire ». Ces rencontres font que l’effort physique est encore plus beau. Pour moi, la course est un peu comme une seconde vie, ponctuée de multiples moments très éphémères, comme quelqu’un qui me salue. Quand on est à pied, on n’est ni une proie ni un danger. Dans notre civilisation, on passe à côté de plein de choses, on ne prend pas le temps de regarder celui qui court sur notre route.

Particulièrement ici, en Afrique du Sud, c’est encore plus fort de voir ce geste spontané, qui me touche énormément. Une spontanéité que je retrouve aussi avec les enfants que je croise, qui courent sur quelques centaines de mètres avec moi, sans se poser de question. C’était comme cela aussi en Australie, ou encore au Canada, surtout dans des endroits isolés du monde. Ce sont ces moments qui me touchent et qui me rendent optimiste sur le genre humain.

Des ours en bord de route

Au Canada, des ours sont régulièrement visibles aux abords de la route. (Photo : ©Run around the planet)
Au Canada, des ours sont régulièrement visibles aux abords de la route. (Photo : ©Run around the planet)

Avez-vous aussi eu des frayeurs sur votre parcours ?
Quelques moments stressants, oui. Comme en Floride, où deux panthères ont traversé la route devant moi, ou encore durant les deux mois de mon périple dans le grand nord canadien. Il y avait des ours, tous les jours, pas très loin, et on sait que s’ils chargent, il n’y a pas d’échappatoire, notamment s’il s’agit d’une femelle qui veut protéger ses petits. J’ai eu des peurs bleues, parfois.

Pour ces prochains jours, je serai dans une zone de l’Afrique du Sud où il y a des lions, des hyènes, ou des éléphants, qui sont également très dangereux. C’est mignon en photo, mais on ne se dit pas ça quand ils ne sont pas loin (rires).

Le retour : un moment redouté

Pour ces prochaines semaines, avez-vous des appréhensions pour votre parcours, concernant la météo, ou des zones géographiques difficiles ?
Je termine mon parcours en Afrique vers le 22 ou 23 février. Je passerai par une zone au sud du désert Kalahari, un des plus chauds au monde. J’ai une appréhension concernant cette chaleur, même si nous avons eu des jours entre 50 et 51°C en Australie. La pluie est plus difficile encore à supporter.

Mais ce que j’appréhende surtout, c’est le retour. Je pense que ce sera l’un des jours les plus mélancoliques de ma vie. Même si je retrouverai ma famille et ma maman. C’est ma première supportrice. Elle a 93 ans et s’est fixé pour objectif de me suivre sur tablette.

Les Fidji, le coup de cœur de Serge Girard. (Photo : ©Run around the planet)
Les Fidji, le coup de cœur de Serge Girard. (Photo : ©Run around the planet)

Avez-vous eu un coup de cœur pour un pays ou une région ?
Les Fidji ! Je ne connaissais pas du tout, et j’y ai rencontré des personnes fabuleuses, d’une grande gentillesse, très accueillants, avec discrétion. C’est un peuple incroyable, dans des îles aux antipodes de la France.

La Nouvelle-Zélande est aussi un pays où il faut aller, notamment le sud : il y a de grands espaces à couper le souffle. Je suis heureux aussi de retourner en Namibie, un pays qui a des similitudes avec l’Australie et qui est très beau.

Comment se déroulera votre retour en Europe ?
Je reviendrai par Chypre, et non la Turquie comme c’était prévu. Istanbul et certaines régions ne sont pas très sûres, et nous avons préféré changer. J’irai ensuite en Crète, avant de partir de l’extrême-sud de l’Italie, pour remonter jusqu’à Paris.

Galerie-photos du défi de Serge Girard, à travers le monde :

Serge Girard – Le HavreSerge Girard – Le HavreSerge Girard – Le HavreSerge Girard – Le HavreSerge Girard – Le HavreSerge Girard – Le HavreSerge Girard – Le HavreSerge Girard – Le HavreSerge Girard – Le HavreSerge Girard – Le Havre

Infos pratiques :
Pour suivre le parcours de Serge Girard, rendez-vous sur le site Run around the planet, ou sur sa page Facebook.