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Polémique. Le port de Rouen est autorisé à immerger ses sédiments au large de Deauville

Vendredi 27 janvier 2017, la commission d’enquête publique a émis un avis favorable pour le projet du port de Rouen (Seine-Maritime) : immerger ses sédiments au large du Calvados.

Pour accueillir des navires imposants, le port de Rouen (Seine-Maritime) effectue régulièrement des dragages d'entretien de la Seine. (Illustration © Haropa-Port de Rouen)
Pour accueillir des navires imposants, le port de Rouen (Seine-Maritime) effectue régulièrement des dragages d'entretien de la Seine. (Illustration © Haropa-Port de Rouen)

Chaque année, le port de Rouen (Seine-Maritime) drague plusieurs millions de mètres cubes de sédiments (sable, vase) dans la Seine, jusqu’à son estuaire, afin de pouvoir accueillir des navires imposants.

Depuis 1977, ces sédiments sont déversés sur le site du Kannik, à proximité du Havre. Celui-ci arrivant à saturation, Haropa, la structure qui rassemble les ports du Havre, Rouen et Paris, a choisi un nouveau site, pour mener ces opérations : le Machu, au large de Deauville (Calvados).

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Pendant dix ans, 45 millions de m3 de sédiments issus du dragage du port maritime de Rouen pourraient y être enfouis. Pour valider ce projet, une enquête publique a été ouverte le 14 octobre 2016 et concerne 68 communes (40 du Calvados, 18 de Seine-Maritime, dix de l’Eure).

Feu vert pour le port de Rouen

La commission d’enquête publique a rendu un avis favorable à ce projet, vendredi 27 janvier 2017.

Les sédiments de dragage d’entretien du chenal de navigation et des installations portuaires dans l’estuaire aval sont majoritairement des sédiments d’origine marine, peut-on ainsi lire dans le rapport de la commission d’enquête publique. Ils sont peu contaminés car ils sont d’apport récent (les zones à forte sédimentation sont dragués quotidiennement).

La commission rappelle également qu’il « convient de maintenir l’accès du chenal du port de Rouen pour des raisons économiques et pour la sécurité des navires. Les retombées des emplois directs et indirects ne sont pas négligeables (18 000 emplois) » et les méthodes retenues réduisent « au minimum les impacts ».

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Le public était défavorable au projet

Les avis exprimés par le public lors de l’enquête menée dans le Calvados, la Seine-Maritime et l’Eure, du 14 octobre au 17 novembre, étaient majoritairement défavorables (64 sur 81 avis) au projet.

De nombreux élus du Calvados se sont mobilisés contre ce projet, notamment les conseils municipaux de Cabourg, Villers-sur-Mer, Blonville-sur-Mer, Merville-Franceville, Dives-sur-Mer, Gonneville-sur-Mer…, qui se sont prononcés contre ce projet.

Ce projet risque d’avoir de fortes incidences sur la santé, l’environnement et plus spécifiquement, la biodiversité, dénonçait Tristan Duval, le maire de Cabourg, début novembre 2016.

Des associations environnementales, regroupées au sein du Grape (groupement régional des associations de protection de l’environnement) avaient également mis en avant une solution de traitement et de recyclage des déchets sur place.

Ce n’est « pas envisageable (…) pour des raisons environnementales et notamment du fait des volumes en jeu (…) : en douze ans, le dépôt à terre atteindrait la taille de la dune du Pilat : trois kilomètres de long environ sur 616 mètres de large et 110 mètres de haut », répond le port de Rouen dans l’enquête.