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Reportage. On a passé la nuit du Nouvel An 2017, à la maternité du CHU de Rouen

Le premier bébé de l’année, à la maternité du CHU de Rouen est né quelques minutes après minuit : c’est une petite fille prénommée Ylana. Reportage au cœur du service…

Claire (à gauche sur la photo), sage-femme depuis plus de 20 ans (Photo ©Isabelle Villy/Normandie-actu)
Claire (à gauche sur la photo), sage-femme depuis plus de 20 ans (Photo ©Isabelle Villy/Normandie-actu)

0h12, 1er janvier 2017. Le premier bébé de la maternité du CHU de Rouen (Seine-Maritime), vient de pousser son premier cri : Ylana pèse 3,740 kg et est née par césarienne. Sa maman se porte bien, son papa est aux anges, heureux. Une nuit que cette famille n’oubliera évidemment jamais…

Ylana, premier bébé du CHU de Rouen pour 2017
« C’était prévu pour le 8 janvier normalement… Du coup, on n’avait rien prévu pour le réveillon, car on ne savait pas trop », sourit Bruno, le père de la petite Ylana. Déjà papa de deux enfants, Bruno est donc papa pour la troisième fois, mais pour la maman d’Ylana, c’était le premier enfant. « On se sent très bien ici, dans cette maternité. Ils sont sympas, et on a préféré venir ici, pour le bien du bébé et de la maman. Tout le monde est à l’écoute, c’est vraiment impeccable », indique Bruno, en attendant le retour du bloc opératoire, de sa femme.

Ylana, le premier bébé de l'année à la maternité du CHU de Rouen, née quelques minutes après minuit (Photo DR)
Ylana, le premier bébé de l'année à la maternité du CHU de Rouen, née quelques minutes après minuit (Photo DR)

« Nous ne sommes pas une usine à bébés »

Il est 21h quand l’équipe de la maternité du CHU nous accueille dans son service : un cocon bien à part dans l’établissement, une « vraie maternité », comme les autres. Mais avec toutefois un petit plus : celle d’offrir à portée de main, tous les équipements nécessaires pour tous les types d’accouchements, qu’ils se déroulent de façon normale (comme c’est souvent le cas), ou qu’ils présentent des difficultés. Et cette notion de « vraie maternité » est mise en avant ici, alors qu’elle semble souvent souffrir d’un déficit d’image par rapport aux autres maternités de la région, l’image de l’hôpital lui collant peut-être trop à la peau.

On s’occupe de tout le monde ici. Il y a un suivi complet des patientes. On entend souvent qu’on est une usine à bébés, c’est dur à entendre pour nous et ce n’est pas la réalité. On offre beaucoup de possibilités aux patientes, on est à l’écoute de leurs projets de naissance : il y a une vraie volonté d’être à l’écoute, mais tout cela, les gens ne le savent pas nécessairement », regrette Hélène, qui a donc pris son poste de chef de service en novembre 2015, après 11 années d’étude, dont cinq ans de spécialisation : une solide expérience en somme.

Pas de droit à l’erreur

L’expérience justement, un facteur essentiel dont Claire n’est pas dépourvue. Elle qui a arrêté de compter le nombre de bébés qu’elle a mis au monde, depuis plus de 20 ans qu’elle pratique ce métier, quasiment inscrit dans ses gènes, puisque sa maman, avant elle, était déjà sage-femme. Après les 80 accouchements qu’elle a fait, obligatoires en cours d’études, elle ne compte donc plus le nombre de naissances qu’elle a réalisées depuis. Et ce n’est pas par lassitude, ni routine  : ces deux mots n’ont pas cours à la maternité, il n’y a pas de droit à l’erreur.

On arrive dans un moment privilégié dans la vie des patientes : un moment qu’elles connaîtront une, deux, voire trois fois… C’est un métier où on apprend toujours, c’est une remise en question permanente, constate la sage-femme, qui note que chaque naissance est différente. Et son métier, c’est dans les yeux de sa fille, âgée d’un peu plus de quatre ans, qu’elle y trouve sa plus belle définition : quand elle me voit partir au travail, ma fille de 4 ans et demi me dit avec des étoiles dans les yeux : ‘Maman, tu vas mettre des bébés au monde…’.

Quelques chiffres à retenir
2 800 naissances ont lieu chaque année à la maternité du CHU. 
Une soixantaine de sages-femmes y travaillent.
Six salles d’accouchement accueillent les futures mamans
Un bloc opératoire est situé à proximité.
Deux à trois sages-femmes sont présentes à chaque garde.

Cotillons et repas de fête, entre deux accouchements

Les heures s’écoulent à la maternité. Trois accouchements sont prévus pour la nuit : les mamans sont en salles de travail et l’équipe de la maternité se retrouve dans une petite salle de repos : nuit de la Saint-Sylvestre oblige, chacun a amené de quoi faire un petit repas de fête. Entre deux accouchements, deux appels, toujours prêts à réagir à toute éventualité, ces moments restent essentiels : ce sont eux qui façonnent la cohésion de l’équipe. Des petites pauses, parfois très courtes, qui permettent de souffler, de gérer les situations.

Amélie a passé la dernière journée de l'année 2016 à la maternité du CHU de Rouen, avant de donner naissance à son enfant aux premières heures de la nuit (Photo ©Isabelle Villy/Normandie-actu)
Amélie a passé la dernière journée de l'année 2016 à la maternité du CHU de Rouen, avant de donner naissance à son enfant aux premières heures de la nuit (Photo ©Isabelle Villy/Normandie-actu)

Amélie, la maternité du CHU : un choix
Arrivée à 11h30, samedi 31 janvier 2016, Amélie a passé la fin d’année et le début de la nouvelle à la maternité du CHU de Rouen, pour mettre au monde son premier enfant. Et pour elle, venir accoucher ici était comme une évidence : « C’est rassurant. S’il y a un souci, il y a tous les équipements disponibles pour la prise en charge et on peut rester au même endroit que le bébé », confie Amélie, qui a fait ici tout son suivi de grossesse, les cours de préparation à la naissance.  « On est vraiment bien conseillé. On peut aussi faire de l’acupuncture, de la sophrologie… il y a vraiment beaucoup de possibilités, qu’on ne connaît pas toujours nécessairement », constate la jeune femme.

« Ce soir, c’est un repas un peu plus important, mais bien souvent, chaque week-end, on se retrouve ainsi autour de moments de détente. On mange ensemble », sourit Claire. Des instants parfois très brefs : tout le monde ici est conscient de son rôle. Chacun le sien et au moindre appel, à la moindre alerte, la salle de repos se vide pour aller assister les mamans.

La réactivité est essentielle

Une réactivité qui se retrouve aussi dans les décisions que doivent prendre les responsables du service : « Il y a des moments de stress intenses, des décisions à prendre dans la minute. C’est aussi pour cela qu’on a choisi de faire ce métier. On est amené à faire des césariennes en extrême urgence, dans les 15 minutes. Quand la décision est prise, tout le monde sait ce qu’il a à faire », poursuit Claire, qui indique par ailleurs, que l’entraide ici, est une réalité. « Quand on a besoin d’une aide, on sait pouvoir compter sur les autres. On peut appeler, on est aidé ».

Gérer l’urgence, gérer le stress : des nécessités, qui s’acquièrent aussi avec l’expérience. « Nous, on est là pour ce que ça se passe le plus normalement possible. C’est notre travail aussi de gérer le stress des autres. Il faut savoir rester calme, c’est très important, pour rassurer la patiente et qu’elle ne ressente pas qu’on a des moments de stress. Et tout cela, c’est aussi l’expérience qui l’apprend », souligne Claire.

Une naissance gémellaire se prépare…

3h du matin. Claire envisage de faire une courte pause, pour dormir un peu : elle a commencé sa journée la veille, le matin. Au même moment, les choses s’accélèrent dans une salle de travail : une naissance gémellaire se prépare. Plus question de faire de pause, Claire dormira plus tard. Elle se rend immédiatement en salle de travail. Tout le temps de cette immersion dans la maternité du CHU, un sentiment de sérénité était palpable dans le service. Pas de mot plus haut que l’autre… parfois le cri d’un bébé venant au monde… quelques éclats de rire provenant de la salle de repos… Un vrai cocon en somme, comme se plaisent à le définir tous ceux qui travaillent ici…

Chacun sa place, chacun son rôle
Des sages-femmes, des infirmières, des médecins, des anesthésistes… autant de spécialités qui composent l’équipe de garde à la maternité du CHU. Et il y a aussi Céline et Corinne, toutes deux aides-soignantes, qui ont rejoint le service depuis un an pour la première et plus récemment pour la seconde.
« Ici c’est la vie… C’est un beau service. Il y a parfois des moments difficiles, mais c’est différent de là où j’étais avant. J’étais en gastro et il y avait trop de décès. C’était vraiment triste », confie Céline, qui a fait le choix du travail de nuit, car ses enfants sont désormais suffisamment grands et qu’elle a ainsi le sentiment de pouvoir mieux organiser sa vie au quotidien. 
Corinne elle, vient des urgences adultes : autant dire que là encore, rien à voir avec la maternité.  « C’était mon souhait de venir travailler ici. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de stress, car il y a aussi des choses difficiles, comme par exemple les grossesses multiples. Mais c’est vraiment différent des urgences. Je me sens vraiment bien ici ».

La nuit du 31 décembre à la maternité du CHU de Rouen

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